Aujourd'hui, c'est un article plus personnel que je vous propose. J'ai longtemps hésité avant de l'écrire (
et de le publier). Mais, pour prendre cette décision, j'ai essayé de me remettre dans la tête d'une femme enceinte, au moment où l'on se pose tout un tas de question sur ce jour où nous serons la principale actrice (
qui devra en plus rester au top pour ce marathon !).
Bien entendu, chaque accouchement est différent et n'est pas vécu de la même façon par chaque femme. Outre les facteurs médicaux, les éléments extérieurs ont une grande influence : le personnel, le lieu, le moment, ... un certain nombre de choses non métrisables.
Comme on a toujours tendance à ne raconter que les accouchements "à sensation"(
dans le mauvais sens du terme) pour faire flipper les futures mamans, je vous vous faire part de ma propre petite expérience d'un accouchement (
attention, roman en vue ...).
Tout commence le 5 mai dernier à 20h, j'ai des petites contractions depuis un peu moins de deux heures. Avec l'Homme, nous décidons d'aller faire un petit tour à pied pour que baby girl se mette en place comme presque tous les soirs depuis 1 mois (
il paraît que ça marche ...). D'autant plus que le lendemain est ma date de terme, l'éventualité d'un déclenchement commence à me pendre sérieusement au bout du nez.
Nous rentrons, dînons, regardons une série télé ... Vers 23h00, malgré les contractions toujours présentes, je décide d'aller me coucher pour me reposer un peu, dans l'éventualité d'un départ dans la nuit. Je m'allonge et là je sens un "CRAC" dans mon ventre : c'est l’inondation totale (
youpi le matelas tout neuf !). Aucun doute à avoir, j'ai perdu les eaux !
Une mini douche, le chargement des sacs dans la voiture, un petit câlin au chat complètement angoissé par notre remue-ménage et c'est le grand départ pour la maternité.
Nous arrivons aux urgences juste avant minuit (
cette enfant est très ponctuelle !). On m'ausculte, m'installe dans la chambre pour que je me prépare (
douche à la bétadine et compagnie ...). Pendant que je tente de me laver avec la solution orange, je sens que les contractions sont de plus en plus fortes et presque continues.
Je sors de la douche et enfile la blouse, la sage-femme débarque dans la chambre : "je vous réexamine vite fait, l'anesthésiste doit partir au bloc donc si vous voulez une péridurale, il faudrait que se soit maintenant !" Oh, la bonne blague ! Victoire, je suis dilatée à trois, c'est parti pour la salle d'accouchement au pas de course (
exercice très difficile quand on a des contractions en même temps, mais on se canalise vite sur l'essentiel, surtout quand on voit la sage femme partir en courant devant pour préparer le matériel !).
En quelques minutes, je suis installée et on fait sortir l'Homme. L'anesthésiste avec son air hyper cool (
euh, vous êtes sûre qu'il est bien anesthésiste ?) arrive et me pose la péridurale.
Franchement, je n'ai pas eu mal, on sent juste la piqûre et une sensation un peu désagréable quand le produit est injecté. Ouf, une bonne chose de faite. Je sens la chaleur se diffuser dans mes jambes.
L'Homme revient, me voilà installée et soulagée, il n'y a plus qu'à patienter.
Une heure plus tard, un des appareils se met à sonner. La sage-femme réapparaît, fait cesser le bruit et repart. Deux minutes après, ça recommence. Elle revient, elle regarde sa machine d'un air perplexe. Je lui demande qu'elle est le problème. Elle me répond que c'est la péri qui bloque. LOL LOL LOL.
Elle éteint, ça sonne de nouveau. Elle tente d'appeler l'anesthésiste, mais il n'est pas disponible (
bah oui, il est au bloc !). Elle demande à l'Homme d'appuyer sur le bouton pour éteindre si ça sonne encore. Bien sûr, ça se remet à biper. Au bout d'une heure, elle décide de changer l'appareil. Je sens que la péridurale fait de moins en moins d'effets, pile au moment où j'en ai le plus besoin !
Enfin, plus de bruit, mais la douleur commence à réapparaître et à être de plus en plus violente. J'ai chaud, j'ai froid, j'ai chaud, je n'ai plus de force, je suis en nage, mes oreilles bourdonnent, c'est épuisant, mon corps est poussé au bout de ses limites. Je regarde la grosse horloge juste au dessus de mon lit, la nuit avance. J'essaie de me concentrer sur ma respiration. C'est comme un marathon qu'on ne peut pas abandonner malgré la sensation d'être à son maximum. J'essaie de laisser les contractions faire leur boulot sans me bloquer. Je ferme les yeux et je m'imagine sur la petite crique que nous avions découvert pendant nos vacances en Corse, l'eau bleue, le sable chaud, le grand soleil ...
Je demande à l'Homme de me dire lorsque les contractions ont atteint leur pic et que les chiffres commencent à redescendre, pour que je puisse souffler. Sa présence à mes côtés m'aide à affronter ce jour si particulier.
Je suis à 7, le travail avance vite, mes grosses contractions sont efficaces. Je sais que cette douleur va prendre fin bientôt.
La sage-femme me fait changer de position de temps en temps : sur le côté droit, sur le côté gauche, à quatre pattes avec le ballon (
position folklorique en sachant que j'ai les cuisses à moitié anesthésiées, le fil de la péri dans le dos et de la perf sur le bras !).
Vient le moment où je suis enfin à 10. Enfin, j'avais hâte de voir la ligne d'arrivée. Installation, arrivée de la gentille auxiliaire de puériculture qui se présente et qui a préparé le joli berceau en plexiglas pour baby girl. C'est maintenant le moment de pousser, je tente de me rappeler les cours de préparation à la naissance. J'écoute la sage femme qui me guide, car franchement la poussée ça reste quelque chose de très très abstrait. Après quelques minutes et l'intervention d'un gynéco aux accents russes hyper souriant et rassurant (
c'est ironique ... surtout lorsqu'il demande à la sage femme quel matériel est utilisé et comment l'utiliser ? LOL LOL LOL euh, je dois partir en courant ?).
Après les dernières poussées, Garance pousse son premier cri et on me la pose sur le ventre. Je m'aperçois que le jour s'est lève. Toute la pression et l'effort retombent pour un moment de totale plénitude et de soulagement. La douleur a disparu. Elle est née, j'ai réussi ! Elle va bien, elle est toute belle. L'Homme est heureux, nous sommes enfin trois !
Il accompagne la puéricultrice pour les premiers soins pendant que la sage femme et le gynéco attendent mon placenta d'un air dubitatif (
moment étrange ... d'ailleurs, j'en profite pour remercier cet adorable placenta qui est sorti tout seul comme un grand et m'a épargné la révision utérine !).
Une fois les soins terminés pour moi, on nous laisse tous les trois dans la salle pendant deux heures. Nous contemplons notre fille et prévenons nos proches.
Depuis ce jour, nous formons une petite famille et je suis très heureuse d'être sa maman.